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Le Québec souffre-t-il d'immobilisme?

Prévenir les dérapages

Caroline Patsias, professeure en science politique, spécialiste de la participation citoyenne.
Caroline Patsias, professeure en science politique, spécialiste de la participation citoyenne.

La mise sur pied de mécanismes de gouvernance, tels que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), permet dorénavant de mieux prévenir les dérapages. Selon Stéphane Paquin, les éventuels abus de groupes de pression, qui peuvent parfois asphyxier des initiatives intéressantes, ne doivent pas remettre en question la pertinence de ces organismes. «Aujourd'hui, les projets qui voient le jour sont plus respectueux de l'environnement, et leurs répercussions sociales sont davantage prises en considération.»

Au cours des dernières années, l'action citoyenne a également eu un impact important sur la concrétisation des projets. Certains reprochent à l'opinion publique de faire office d'éteignoir. Spécialiste de la partici-pation politique, Caroline Patsias y voit plutôt une manifestation de la démocratisation de la sphère publique.  D'après elle, le Québec est loin d'être immobile. «Il y a 30 ans, on s'engageait de façon plus conventionnelle, on avait une autre vision de l'intérêt général et l'État providence prenait beaucoup de place. Les gens ne sont pas dépolitisés : ils obéissent différemment.» Plus instruits, plus autonomes et plus individualistes [ce qui ne veut pas dire égoïstes, précise Caroline Patsias], les citoyens veulent donner leur avis sur les sujets qui les concernent. La chercheure estime que la consultation est de moins en moins évitable. «Il y a évidemment des limites à tout, mais c'est préférable de négocier avant. Si ça prend plus de temps, en contrepartie, les projets sont ensuite mieux acceptés.»

Josée Garceau,responsable de la section Information et recrutement au Bureau de la registraire.
Josée Garceau, responsable de la section Information et recrutement au Bureau de la registraire.

Responsable de la Section information et recrutement au Bureau de la registraire, Josée Garceau côtoie la nouvelle génération quotidiennement. Elle affirme pour sa part que les valeurs des jeunes ne correspondent pas à celles qui sont véhiculées par les élus. «On déplore qu'ils ne s'impliquent pas politiquement, mais c'est la manière dont le système est structuré qui les rebute. Ce n'est pas un “party” qui les intéresse: ils n'aiment ni la musique, ni le lieu, ni les gens qui y sont. Ils sont pragmatiques, ils veulent travailler en équipe et laisser tomber les chicanes de partis.» Le milieu politique devra donc s'adapter à la redéfinition de l'espace public. «Il est plus difficile de gouverner dans une démocratie que dans une dictature, souligne Caroline Patsias. À l'heure actuelle, la politique est plus riche, mais plus complexe dans son exercice.»

«Il ne faut pas avoir peur de la contestation, sauf qu'à un certain moment, les leaders doivent trancher. Ils doivent être capables d'enthousiasmer la population pour l'inciter à les suivre.»